Vinça MONADÉ

Vinça Monade est une toute jeune céramiste, mais une plasticienne rompue au lexique formel des œuvres sur papier (trait, contour, plan couleur, figuration / abstraction…). En céramique, comme ailleurs, elle tire son inspiration des enluminures du Moyen Age et des Primitifs italiens. Elle s’abreuve de leur sens du dépouillement formel, de la frontalité de leurs aplats colorés, de leurs paysages en perspective rabattue. Son parcours séquencé se lit au gré de quelques dominantes cycliquement explorées : trait, forme, couleur. Ses dessins résultent toujours du rapprochement de deux feuilles, mises face à face. Elle dessine une forme couleur sur la première et réalise la deuxième, en réponse et sur une tonalité couleur légèrement différente. Le dessin est, en somme, l’assemblage de modules en 2D. C’est riche de cette logique combinatoire très maîtrisée qu’elle aborde la céramique, il y a un peu plus d’un an, pour retranscrire en 3D les enjeux plastiques qui sont les siens depuis toujours. Elle produit des formes-signes, synthétiques, cubiques pour l’essentiel, se préoccupe des arêtes du volume, qui ne sont rien d’autres que les contours dans la forme dessinée. Les éléments sont autonomes et les pièces démontables. La dimension finale de la pièce provient de l’accumulation. Vinça Monade n’imaginait pas être pareillement happée par cette nouvelle matière à laquelle elle s’adonne avec passion. Elle le fait très humblement, avec une conscience certaine de l’immense chemin qu’il lui reste à parcourir. Elle a délibérément restreint les paramètres de son vocabulaire (quelques terres variées -grès noirs et blancs, terres chamottées, terres colorées- quelques engobes patinés…), parce qu’elle débute, mais plus encore par souci d’aller à la simplicité et au dénuement.
SLF-H
Texte C14_PARIS 2019